Aujourd’hui, c’est la journée québécoise pour la santé et le bien-être des hommes. Si les femmes sont majoritairement représentées dans les statistiques des violences conjugales, les hommes qui en subissent sont beaucoup moins visibles, voire passés sous silence.
J’ai vu passer des publications sur mon fil d’actualité professionnel, et je me suis rappelé à quel point nous avons encore du travail à faire pour mieux accompagner les hommes victimes de violence conjugale.
Cela fait 10 ans que je travaille dans ce domaine. Je me suis souvenu d’un jour où je suis rentrée au bureau et où j’ai trouvé un message d’un client sur ma boîte vocale. Un message laissé depuis le poste de police la veille. Il avait été arrêté.
Il avait été arrêté parce que, alors qu’il me racontait la violence conjugale qu’il subissait à la maison, je lui avais suggéré d’appeler la police pour se protéger. Je lui avais conseillé cela parce que, pour un homme, se défendre contre la violence d’une femme, c’est compliqué. Je lui avais suggéré d’appeler la police pendant qu’il relevait les manches de sa chemise pour me montrer des marques de morsures. Je lui avais suggéré d’appeler la police parce qu’il devait s’enfermer dans la salle de bain pour se protéger.
Nous avons encore du travail à faire pour mieux accompagner nos hommes victimes de violence conjugale parce que, quand les policiers sont arrivés sur les lieux, ils l’ont arrêté, lui.
Nous avons encore du travail à faire parce que, lorsque j’ai tenté de chercher des organismes communautaires pour lui venir en aide, j’ai découvert que les ressources pour les hommes sont très limitées.
Nous avons encore du travail à faire parce que, parfois, au téléphone, on me demandait : « Êtes-vous certaine que ce n’est pas lui qui est violent ? »
Nous avons encore du travail à faire parce que, faute de pouvoir lui trouver une ressource d’hébergement en violence conjugale dans sa région administrative, il s’est retrouvé dans la rue ce jour-là.
Cette situation-là est une parmi tant d’autres. C’est la première qui m’a permis de prendre conscience de cette problématique chez les hommes. C’est la première qui m’a fait réaliser que :
Nous avons encore tellement de travail à faire.
Comments